Quand John Deere imagine l’avenir digital de l’agriculture

On connaît les vidéos d’anticipation de Microsoft concernant l’avenir du digital. Initiée en 2009 par la branche Office de la firme de Redmond, la série Productivity Future Vision a donné lieu à deux vidéos à ce jour. La première date de 2009 :

 

La seconde date d’il y a tout juste un an (oct. 2011) :

 

Ces deux premières vidéos sont aujourd’hui déclinées sectoriellement.

D’autres sociétés se sont également prêtées à ce petit jeu. Parmi elles, Corning Inc., spécialiste du verre et de la céramique, s’est fait remarquée avec la série A day made of glass, qui, elle aussi, a donné lieu à deux vidéos à ce jour.

La première date de février 2011 :

 

La seconde date de février 2012 :

 

Dans le cas de Microsoft, éditeur de logiciels, ou de Corning, fabriquant de matériaux supportant les technologies digitales, une telle initiative ne surprend pas complètement. Elle est au service de leur stratégie d’innovation et de leur communication corporate, qui visent à asseoir ou à créer une image de société innovante. C’est allier à la fois la R&D et le brand content.

Mais on s’attend sans doute moins à voir une société telle que John Deere, le géant des machines agricoles, se prêter elle aussi au jeu de l’anticipation des dispositifs digitaux. C’est pourtant bien John Deere qui a produit la vidéo ci-dessous, intitulée Farm forward :

 

Certains ne verront sans doute dans cette vidéo qu’une douce élucubration sur un avenir qui n’est pas prêt d’arriver, ou en tous cas pas sous cette forme. J’entends d’ici certains d’entre vous railler sur le grand écart qui peut exister entre cette vidéo et ce que beaucoup d’agriculteurs vivent aujourd’hui. C’est oublier un peu trop vite qu’une telle vidéo n’a surtout pas pour but d’être réaliste, en tout cas pas au sens des réalités du moment où elle est faite. Elle a au contraire pour but de projeter dans une vision “idéale”, lointaine, mais pour autant incarnée dans des scénarios business compréhensibles aujourd’hui.

Personnellement, je trouve tout à fait intéressant qu’une société telle que John Deere se prête à ce jeu. Je ne connais ni la situation économique de John Deere ni les circonstances qui ont conduit à réaliser ce film, mais mon avis a priori sur la question est qu’une entreprise qui se soucie ainsi de la manière dont peut évoluer le métier de ses cibles à moyen et long terme (et donc le sien par voie de conséquence), sur une problématique qui plus est connexe à son coeur de métier (ici : le digital vs la mécanique) est une entreprise qui “pense bien” (dans une optique “user centric” et “customer centric”) et qui met donc toutes les chances de son côté pour ne pas rater les révolutions à venir.

Cette vidéo de John Deere n’est d’ailleurs pas sortie de nulle part puisque l’entreprise dispose d’un programme dédié explicitement à l’innovation informatique : John Deere FarmSight.

A titre d’innovation, John Deere a d’ailleurs déjà expérimenté la réalité augmentée.

Finalement, on aimerait voir plus d’entreprises a priori éloignées des nouvelles technologies fonctionner de la sorte. Je pense que toute entreprise quelle qu’elle soit doit aujourd’hui doit se poser la question : quel avenir me réserve les nouvelles technologies et les innovations digitales ? Quels bénéfices puis-je en tirer ? Comment mon métier et mon marché risquent-ils d’être impactés ?

Dans la continuité de cette réflexion, je vous invite à consulter l’un des derniers articles de Fred Cavazza intitulé Personne n’est à l’abri, qui montre à quel point les nouvelles technologies et le digital peuvent aujourd’hui rebattre les cartes dans n’importe quel métier ou marché. Cela impose selon moi à toute entreprise l’impératif d’un certain regard tourné vers “ce que l’avenir nous réserve”, avec cette idée qu’il vaut mieux créer et innover que subir.

Enfin, pour terminer, cette vidéo m’inspire une dernière remarque. On a tendance à oublier à quel point le métier d’agriculteur est fortement lié à toute sortes d’informations, souvent issues de l’interprétation ou de l’analyse des phénomènes naturels (la météo, l’intensité de sécheresse du sol, le degré de maturité des cultures, l’état des animaux…), jusqu’à des données plus économiques (le cours des denrées alimentaires, les taux de rendement, etc.). Tout ceci donne d’ailleurs lieu à une informatisation certaine de l’activité agricole depuis plusieurs années. Finalement, si on y réfléchit bien, l’agriculteur devient lui aussi un “knowledge worker” comme tant d’autres, et l’informatique ubiquitaire pourrait bien remplir une place plus importante qu’on ne l’imagine dans son activité future !

Alors, finalement, vous la trouvez si “décalée” que ça la vision d’anticipation de Farm Forward ? Et vous, dans votre métier, comment anticipez vous votre avenir digital ?

4 réflexions sur “Quand John Deere imagine l’avenir digital de l’agriculture

  1. En tous les cas, si je suis convaincu que la technologie digitale va s’immiscer partout dans nos activités quotidiennes et notamment professionnelle. Mais je pense que ce qui est décalé ici c’est la vision de l’agriculteur qui campe dans une certaine vision industrielle, celle de l’agriculture dite traditionelle. La vision technologiste se refère tjs à un modèle culturel. Ce qui serait inquiètant, c’est dans quelle mesure cette technologie fagocyterait une manière de voir, de faire par les usages qu’elle imposerait du coup, aussi intelligente et customer centric soit-elle… Si l’agriculteur dépend du semencier ( je ne cite personne ;), dépendra-t-il aussi du fournisseur de services numériques ou sera-t-il lui même acteur de sa technologie comme il pourrait aussi rester maitre de ses semences ? Quel est ce modèle culturel qui se cache derrière cette technologie qui nous veut du bien ? Quelle vision de l’homme, de son modèle de production et partage des richesses, de son modèle de « knowledge worker « , et du coup quels impacts cela peut il avoir sur les scénarios d’usage et services numériques ? Au fond, ces visions nous racontent davantage la représentation du présent plutôt que le futur plus ou moins proches. Et c’est tres révélateur.

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